La motivation, ça se mérite
C'est étonnant, quand j'y pense. Auparavant, lorsqu'on me parlait d'incentive, j'avais tendance à faire la tête. Au cours de ma carrière, j'ai travaillé pour certaines entreprises qui étaient plus habiles à tendre le bâton que de la carotte. Dans ces boîtes old school, la DRH s'attendait à ce que nous nous donnions à fond mais donnait très peu en contrepartie. On se retrouvait donc à se donner à 300 % pendant un mois pour gagner des cacahouètes. L'entreprise pour laquelle je travaille aujourd'hui semble heureusement avoir être un peu mieux qualifiée pour manager. Quand elle présente un challenge commercial, la récompense est à la hauteur de l'effort. Et ça, ça change tout. Du coup, c'est avec plaisir que je découvre les nouveaux incentives, et je me donne à 200 %. C'est comme ça que j'ai déjà gagné un iPad, des séjoursde luxe, des places VIP pour des matchs de foot... Si je me satisfaisais déjà de ces primes en nature, il y a deux mois, j'ai cette fois remporté le gros lot : un voyage de cinq jours dans les Fidji ! Pourtant, au début, j'admets que je n'étais pas vraiment enthousiaste à cette idée. Quitte à choisir, j'aurais préféré partir en voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, bien sûr. Le postulat me gênait assez. Partir en voyage avec ses collègues, ce n'est pas tout à fait du travail, mais c'est quand même loin d'être des vacances. J'imagine que c'est la même chose dans votre travail : on ne se conduit pas de la même manière en entreprise et on se comporte chez soi. Il y a un rôle à jouer, celui du gars qui se divertit parce que c'est ce qu'il est censé faire, mais tout en prenant attention à se faire bien voir, car les collègues sont à portée d'oreilles. Enfin, ça, c'est ce que je croyais avant d'y aller. Une fois sur place, je me suis surtout rendu compte qu'un voyage entre collègues, ça permet tout autant d'être naturel. Quoique d'un naturel assez différent de celui qu'on a avec sa femme. J'ai dû perdre pas mal de neurones lors de ce voyage, mais ça fait quand même un bien fou. Je craignais par-dessus tout que les activités qu'on nous propose sur place aient le goût d'un plat à réchauffer. Vous savez, le genre d' activité où l''on a recréé artificiellement pour vous pour faire plus exotique. J'ai déjà vécu ce genre de moment lors voyages avec ma femme, et ça ne m'a vraiment pas plu. Mais ma direction a, cette fois encore, tiré son épingle du jeu : elle a fait appel à une agence spécialisée qui a tout organisé de bout en bout, et nous a proposé un séjour vraiment authentique. Si le programme s'est avéré hyper-chargé (30 minutes de pause par jour), ça a été un vrai bonheur : ce n'était pas un séjour touristique (le colon parmi les indigènes), challenge commercial mais d'un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout que les activités qu'on nous propose sur place soient consternantes. Vous savez, le genre d'activité qui semble avoir été préparée par un animateur de centre aéré incapable de comprendre qu'il s'adressait à des adultes. La direction a fait d'une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a non seulement satisfait les salariés grâce à ce bonus, mais a aussi contribué à améliorer la communication entre ces derniers. Je pense que je suis en définitive arrivé à destination. Pendant une longue période, j'ai changé de boîte comme de chemise. Aujourd'hui, je me surprends à ne même plus regarder de quelle couleur est l'herbe du voisin. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de défaire ses cartons.
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